Entrée des #M23/RDF à #Bukavu : Kinshasa rassure de rétablir l’ordre.

Le Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a rassuré ce dimanche de tout mettre à l’œuvre pour rétablir l’ordre, la sécurité et l’intégrité territoriale, après que les terroristes du M23 et les troupes rwandaises sont entrés ce matin à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu.

Kinshasa considère que cette offensive constitue une violation de la part du Rwanda des « résolutions de Dar-Es-Salaam, aux appels au cessez-le-feu de la communauté internationale y compris l’implication du Président Macron. » « Le Rwanda s’entête dans son dessein d’occupation, de pillages et de commission de crimes et des violations grave de droits humains sur notre sol », peut-on lire dans une déclaration faite par le ministère de la Communication de la RDC.

Rassurant de s’employer à remettre l’ordre, la sécurité et l’intégrité territoriale dans cette ville, le Gouvernement appelle la population à rester à la maison et à ne pas s’exposer pour éviter d’être la cible des forces d’occupation.

« Bukavu, Goma et tous les autres coins occupés dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu constituent le symbole de notre résistance. Restons tous debout, vigilants, résilients et unis face à cette épreuve derrière nos forces armées et le Président de la République, Commandant Suprême. », a rassuré le Gouvernement.

Le Président de la République Félix Tshisekedi a, dans la nuit de samedi, dirigé une réunion sur cette crise qui sévit l’Est du pays. Lors cette séance, le Chef de l’Etat, lui a participé à la 61è Conférence de Munich en Allemagne vendredi dernier, a confié avoir a reçu le soutien de nombreux pays membres de l’Union européenne qui ont clairement condamné les actions criminelles du Rwanda en RDC et travaillent sur la mise en place des sanctions appropriées contre le régime de Kigali.


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Les dessous de la chute avortée de Bukavu

EXCLUSIF – BETO.CD | Bukavu a frôlé la catastrophe. Alors que les FARDC levaient leurs lignes de défense, la coalition M23/RDF avançait vers la capitale du Sud-Kivu. Mais dans l’ombre, une bataille diplomatique féroce se jouait entre Kinshasa, Kigali et les grandes puissances internationales. Comment Tshisekedi a-t-il empêché la chute de Bukavu ? Pourquoi le M23 a-t-il soudainement reculé ? Quelles conséquences pour la suite du conflit ?

Pendant plusieurs heures, la capitale du Sud-Kivu a vécu un des moments les plus critiques de son histoire récente. Alors que la coalition M23/RDF avançait inexorablement, les FARDC ont procédé à un redéploiement tactique, laissant la ville à la merci d’une occupation imminente. Mais derrière cette manœuvre se cachait une bataille tout aussi féroce que celle menée sur le terrain : une guerre diplomatique qui a changé le cours des événements.

Selon des sources sécuritaires congolaises contactées par BETO.CD, la décision de relocaliser les troupes vers Uvira et la plaine de Kamanyola a été prise après d’intenses consultations entre le commandement militaire et la présidence à Kinshasa. « Nous avions la possibilité de défendre Bukavu au prix d’un affrontement direct dans la ville, ce qui aurait eu des conséquences dramatiques pour les civils. Nous avons préféré une approche qui nous permette de préserver nos forces et de mettre l’ennemi dans une situation compliquée », explique un haut responsable des FARDC.

Ce retrait a ouvert la voie à une avancée rapide de la coalition M23/RDF, qui a pris le contrôle de l’aéroport de Kavumu sans tirer un seul coup de feu. S’attendant à une prise facile de Bukavu, les forces rebelles ont accéléré leur progression, convaincues que les FARDC étaient en pleine débâcle. Mais à Kinshasa, l’état-major et les autorités politiques avaient déjà anticipé la réaction de la communauté internationale.
Tshisekedi hausse le ton et renverse la donne

https://twitter.com/LitsaniChoukran/status/1890879805945418232

Alors que les forces du M23/RDF entraient à Bukavu, le président Félix Tshisekedi, en déplacement en Allemagne, a pris les devants sur le front diplomatique. Selon un diplomate congolais de haut rang, un message clair et ferme a été transmis aux États-Unis, à la France et à la Belgique : « Si le Rwanda s’empare de Bukavu, alors nous considérerons cela comme une déclaration de guerre ouverte et nous répondrons en conséquence. La RDC et ses alliés, notamment le Burundi, engageront une offensive militaire sur le territoire rwandais. »

Ce message, selon les informations obtenues par BETO.CD, a immédiatement déclenché une série de discussions d’urgence entre les capitales occidentales. « La France, en particulier, a pris la menace très au sérieux et a immédiatement mis Kigali sous pression », révèle une source proche du dossier.

La crainte d’un embrasement régional a poussé plusieurs chancelleries à intervenir directement auprès du président Paul Kagame. Selon une source diplomatique française, Paris a exigé un retrait immédiat des forces M23/RDF sous peine de sanctions économiques et politiques contre Kigali. « L’ordre a été donné en urgence. Kigali n’avait pas le feu vert pour aller jusqu’à Bukavu, mais ils ont pris l’initiative en pensant que personne ne réagirait à temps. La menace de Tshisekedi a changé la donne », confie un haut responsable européen.

Dans Bukavu, la situation s’est soudainement retournée. Selon plusieurs témoins interrogés par BETO.CD, les combattants du M23 ont commencé à se replier dès 14h00, abandonnant certains de leurs objectifs en ville. Une source militaire sur place témoigne : « Ils avaient déjà des hommes dans certains quartiers, et on voyait les pillages commencer. Mais tout d’un coup, les ordres sont tombés : retrait immédiat. »

https://twitter.com/HakimMaludi/status/1890693208335597865

La situation sur le terrain est restée chaotique pendant plusieurs heures, alors que les éléments rwandais impliqués dans l’opération profitaient des derniers instants pour piller commerces et entrepôts.

Vers 16h00, les FARDC ont reçu le feu vert de Kinshasa pour réinvestir la ville et sécuriser les points stratégiques. Un officier de l’armée congolaise, sous couvert d’anonymat, résume l’opération : « Nous étions prêts. Nos forces n’avaient pas été défaites, elles attendaient le bon moment. Dès que l’ordre est venu, nous avons lancé notre contre-offensive et repris la ville sans grande résistance. »
Un fragile équilibre et des questions en suspens
https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1890854349842292755

Si la menace d’une occupation de Bukavu a été écartée, BETO.CD note que la situation demeure extrêmement tendue. « Nous avons vu les pressions diplomatiques fonctionner cette fois-ci, mais combien de temps cela tiendra-t-il ? » interroge un expert en relations internationales basé à Bruxelles.

De nombreux observateurs s’interrogent sur les prochaines étapes de cette crise. Dans la soirée, le président français Emmanuel Macron a officialisé les entretiens qu’il a eu, notamment avec le président Félix Tshisekedi. « J’ai échangé avec le Président Tshisekedi sur la situation très préoccupante dans le Sud Kivu. Nous avons exprimé notre accord sur les points suivants. → Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat qui doit être respecté par toutes les parties. → Le M23 doit immédiatement se retirer de Bukavu. → Des garanties de sécurité doivent être données pour permettre le retour sans délai des autorités civiles et militaires à Bukavu. → Le M23 doit se retirer de l’aéroport de Kavumu et permettre les vols civils et humanitaires sans entraves. J’appelle le Rwanda à soutenir la mise en œuvre de ces mesures d’urgence« , a-t-il dit dans une publication sur X.

https://twitter.com/michombero/status/1890838557779984784

Un analyste militaire congolais souligne une inquiétude majeure : « Nous avons évité le pire, mais cela ne signifie pas que la menace est écartée. Kigali va chercher un autre moyen de revenir dans le jeu. Tout dépendra maintenant des prochaines décisions du gouvernement congolais et de la constance du soutien diplomatique international. »

Une autre question brûlante demeure : quelles concessions Félix Tshisekedi devra-t-il faire en échange de ce soutien international ? Selon un diplomate africain en poste à Kinshasa, les prochaines semaines seront cruciales :« Tshisekedi a montré qu’il pouvait imposer un rapport de force, mais la question est de savoir ce qu’il devra concéder en retour. La France et les États-Unis ne soutiennent jamais gratuitement. »


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Laurent-Désiré Kabila, troisième Président de la République démocratique du Congo (1997-2001) qui a pris le règne en mettant fin à la dictature de trente-deux ans du Maréchal Mobutu, est mort, assassiné dans son bureau le 16 janvier 2001.

Vingt-quatre ans après sa mort tragique, qu’est-ce que les habitants de la capitale congolaise retiennent de celui qui est considéré comme héros national au même titre que Lumumba ? Les jeunes Kinois, qui pour la plupart étaient encore enfants à cette époque, se souviennent de leur Mzee (le sage en Swahili) et saluent son héroïsme. Mais avant, tâchons de répondre à la question : Que s’est-il passé le 16 janvier 2001 à Kinshasa ?

Tué par un simple soldat de base

C’était un certain mardi aux environs des après-midis. Kinshasa garde encore la ferveur des fêtes du nouvel an. Et le Chef de l’État travaille dans son bureau situé au Palais de marbre, sur les hauteurs de la ville. Selon Francis Kpantidé, qui à l’époque s’était confié chez Jeune Afrique, Mzee avait accordé quelques audiences dans la matinée. À l’heure du déjeuner, il reçoit Mota, son conseiller économique qui doit l’accompagner le lendemain à Yaoundé (Cameroun) où il devrait participer au XXIe sommet France-Afrique.

Juste avant 14 heures pétantes, un jeune soldat, un kadogo – soit un simple soldat de base – connu sous le nom de Rachidi demande à voir le Chef de l’État pour lui présenter ses civilités. Il pénètre et se dirige vers le Président Kabila, dégaine son arme et lui tire à bout portant. Mzee est à terre, se vidant de son sang. Deux balles l’ont touché : l’une l’a perforé le cou et l’autre le bas-ventre.

Le conseiller Mota se mit à crier pour alerter la garde. Le colonel Eddy Kapend, qui est le chef d’État-major particulier du Chef de l’État, fait irruption, accompagné de quelques soldats. Ces derniers découvrent Mzee qui agonise et Mota à ses côtés tentant de le ranimer. Pendant ce temps, le tueur cherche à prendre la poudre d’escampette mais il est vite rattrapé par la garde qui l’abat.

Le Président est mort à «101 %»

La panique envahit le Palais de marbre. Dans cette atmosphère, les militaires vont faire venir un hélicoptère de l’aéroport international de N’djili pour transférer le Président blessé à la clinique de Ngaliema. Après des rumeurs annonçant sa mort, le ministre de la Communication de l’époque, Sakombi, atteste qu’il est encore vivant. Ironie du sort, la première indication sérieuse de la mort du Président vient de Kampala, alors réfractaire à Kinshasa en ce temps-là. Les services de sécurité du Président Museveni propagent la nouvelle aux agences de presse: Laurent-Désiré Kabila serait mort à « 101% ».

La confirmation officielle, donc congolaise, interviendra quelques heures plus tard. C’est le ministère de la Communication lui-même qui l’approuve en déclarant un deuil national.

Les Kinois se souviennent encore

Chaque 16 janvier est une journée chômée et payée en RDC. Les Congolais commémorent la mémoire du défunt Chef d’État aux prouesses d’un vaillant héros national. Il faut retenir que les dernières années de Mzee à la tête du pays étaient marquées par un isolement sur le plan diplomatique après qu’il a détourné le dos aux occidentaux dénonçant leur impérialisme. Nombreux aujourd’hui se souviennent encore de sa phrase illustre : « Ne jamais trahir le Congo ». Pour beaucoup, c’est l’une des causes de sa mort.

Doctorant en relations internationales mais également partisan du Mouvement de libération du Congo (MLC), Christian Bule voit en Laurent-Désiré Kabila une figure de proue de la révolution congolaise dont l’action révolutionnaire a impacté l’histoire de la RDC sur le plan politique surtout celui lié aux idées de l’indépendance économique et de la souveraineté. « Sa mort tragique nous a laissé perplexe et a ouvert une brèche béante à une transition politique marquée par des tumultes et guerres internes dérisoires en rapport avec le partage du pouvoir », pense le jeune doctorant qui a répondu à nos questions.

Pour un autre jeune, ancien président des étudiants de l’Université de Bandundu (UNIBAND) Emmanuel Ngamayama, Mzee est une preuve d’un « nationalisme rompu, épris d’amour pour le Congo ». Ce jeune licencié en droit retient du troisième président de la RDC comme le premier à faire des études supérieures et universitaires et avait une vision éclairée sur les principaux idéaux de gouvernement de l’État. Cependant, se plaint-il, à l’instar de celle de Lumumba et d’autres martyrs congolais, son histoire n’est quasiment pas racontée à la nouvelle génération et son héritage tend vers la déliquescence.

« Je retiens de cet homme, le nationalisme traduit par cette expression devenue un véritable maxime pour le Congolais. Ne jamais trahir le Congo », se réjouit Plamedi Wala, jeune en journalisme, mais qui reconnaît également que son avènement au pouvoir a ramené la rébellion au pays avant comme après sa mort ; alors que son collègue de classe, Bruno N’saka le combat de Kabila se traduit mieux à travers l’hymne national – Debout Congolais – dans la mesure où c’est Kabila qui l’a ramené en tant que tel, alors qu’il était chanté comme hymne de l’indépendance avant d’être remplacé par Mobutu, son prédécesseur.

Quoique l’on pense et quoique l’on puisse dire de Laurent-Désiré Kabila en prenant en compte ce que l’homme pourrait avoir comme défaut, l’on oubliera jamais qu’il a servi son pays jusqu’au bout. Il restera à jamais la preuve d’un amour inconditionnel que tout citoyen doit avoir envers son pays, un modèle de toute une nation.


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